Dans quelques années (si je suis toujours blogueur), je pourrai raconter certains souvenirs d’essais aux petits jeunes qui débarquent, le bon vieux temps de la fin des moteurs thermiques. Je pourrai ainsi leur raconter comment, en Avril 2017, j’ai entendu vrombir pendant 2 jours un V10 dans mon dos. Il faudra alors leur expliquer ce qu’était un V10 : « non petit, je te parle pas d’un moteur électrique de 10 volts ! là je te cause d’un moteur thermique atmosphérique de 10 cylindres en V, de 5,2 l de cylindrées, 540 ch avec une zone rouge à plus de 8000 tr/minutes et qui te balance sa symphonie lyrique à chaque pression de l’accélérateur ». Je passerai sûrement pour un vieux has-been, mais j’aurai le sourire aux lèvres en repensant à cette sensation magique appelée malheureusement à disparaitre avec les normes « modernes ».
Direction donc le Pays de Galles via Manchester pour ces essais « Audi Sport Experience » d’exception. Au menu 2 « dingueries » : Audi R8 Spyder et TT RS (qui fera l’objet d’un article spécifique dans quelques jours). Concentrons nous en premier sur la reine de la gamme Audi : la R8 V10 Spyder.
Le tracé de notre essai a été préparé aux petits oignons par l’équipe Audi France. Il nous amènera au Pays de Galles, traversera le fameux EVO Triangle, une des plus belles routes d’Europe (dinguerie bis), et nous passerons aussi par la ville d’Europe ayant le nom le plus long : Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (c’est pas une blague) et pour terminer cette première journée nous aurons une nuit de repos bien méritée dans le magnifique Chateau Rhianfa … notre road trip se terminera enfin en apothéose totale mais je ménage un peu de suspens.
En récupérant les clés de notre R8, une seule idée en tête : même si le temps est plutôt frais et menaçant, hors de question de ne pas rouler décapoté ! On est des « puristes » ou non ?? Quand je m’installe au volant de notre R8 Spyder au jaune étincelant, je sais tout de suite que ça ne va pas être un essai classique. Difficile déjà de se fondre dans le flot des automobilistes : décapotée, 2 m de large, jaune et un son rauque qui envahit les rues : je ne vais pas passer inaperçu ! Cette R8 impose le respect et l’admiration dans les villages traversés et les gallois (fins connaisseurs de belles automobiles) la laissent volontiers passer (même quand ils ont la priorité) le tout accompagné de larges sourires ou de pouces en l’air. Notre passage sur le fameux triangle EVO nous confirmera la passion des britanniques pour l’automobile, vu le nombre incalculable de superbes mécaniques croisées sur ces routes magnifiques.
Une fois installé au volant pour les premiers kilomètres, deux choses me frappent : mon mètre 92 dispose de moins de recul que dans la R8 coupé mais j’arrive quand même à trouver une position de conduite convenable. L’autre chose : la facilité de prise en main. On retrouve l’ergonomie Audi (virtual cockpit, GPS etc), tout semble évident et tombe sous la main mais surtout le V10 est très civilisé : rouler au pas en centre ville ne le dérange pas. Les différents modes de conduite (même si j’ai essentiellement gardé le mode « dynamique » et les suspensions pilotées « Magnetic Ride » font que c’est une supercar facile à vivre au quotidien. Seule la taille du coffre (à l’avant, on y case juste un sac de voyage) vous ramènera vite à la réalité et à la vocation première de cette R8.
Sur la route, la transmission intégrale apporte un énorme surplus de sécurité, le V10 chante à chaque accélération (je n’ai pas testé la sono Bang & Olufsen cette fois, je voulais profiter à fond de la musique du V10), le confort est très convenable pour une supercar. C’est un pur bonheur de cruiser cheveux au vent, avec le V10 juste derrière son dos. La voiture est tellement facile, j’aurais presque aimé des commandes plus fermes, plus en adéquation avec l’agressivité des courbes de cette R8. Bien sûr impossible d’exploiter l’énorme potentiel du Spyder sur route ouverte, pour cela il faudrait lui mettre ses (énormes) roues sur … un circuit !
Justement les amis d’Audi France ont prévu « The cerise on the cake« , le truc trop beau pour être vrai … une journée sur un circuit (rien que pour nous) pour tester ce Spyder en toute sécurité. Et pas n’importe quel circuit, le fabuleux tracé du circuit d’Anglesey au pays de Galles. Un circuit au tracé magnifique, vallonné et situé en bord de mer. Le cadre est dingue, les conditions parfaites … suis-je en train de rêver ?
Crédit photo Anglesey Circuit
Après un rapide briefing « pilotes », nous partons sur la piste en convoi pour repérer le circuit, zones de freinages, points de cordes, le circuit est très intéressant entre courbes rapides, enchainements lents avec transferts de masse, freinages en dévers … ça va être le pied ! Casque sur la tête on se relaie pour des cycles de 2 tours rapides et 1 tour de refroidissement.
J’ai ainsi pu enchainer 4 sessions de roulage (dont la dernière filmée en cam embarquée ici). Cette R8 est étonnante. Avec ses 1720 kg, elle ne fait que 80 kg de plus que le coupé et surprend par sa rigidité pour un Spyder. Le berceau carbone qui constitue l’armature de l’habitacle y contribue largement. Les freins céramiques sont dantesques. Aucun signe de faiblesse alors que le véhicule tourne fort depuis presque depuis 2h. Le V10 balance ses envolées lyriques à chaque ligne droite et chaque coup de gaz au rétrogradage donne des frissons. Je peux rester ici plus longtemps ? genre toujours ??? Sur les gros freinages on sent qu’on a le poids du moteur dans le dos, la voiture est légèrement instable sur les gros freinages mais ça reste toujours très sain.
Dans les remises de gaz trop généreuses, les 4 roues motrices « avalent » l’excès d’optimisme et il est très facile de contrôler la voiture qui garde une tendance légèrement survireuse. Toutes aides désactivées, en mode Race, avec les aides désactivées, je reste néanmoins très « focus », le circuit d’Anglesey possède des zones de dégagement en herbe (certainement humide) et à plus de 200 000 euros la belle (avec toutes les options), je veux qu’elle rentre sans une égratignure en France. Difficile de « redescendre sur terre » après un tel essai. Le son de ce V10 va me hanter pendant de longues années ! Rouler décapoter, un V10 dans le dos dans un paysage d’une telle beauté, c’est une expérience rarissime et inoubliable.
En cette période électorale, je terminerai mon discours par un grand « Vive le V10, vive le Spyder et vive le Pays de Galles ».
Merci Audi France pour l’organisation toujours au top et aux marshalls du circuit d’Anglesey pour leur passion !